• Supprimer
  • Supprimer
  • Supprimer

Dans un paysage vallonné, qui justifie le nom du village (une combe est un fond de vallée, le plus souvent sèche) qui fut une dépendance de la principauté de Chalais, l’église de Saint-Laurent-des-Combes, ancienne priorale de l’abbaye de Brantôme, se présente actuellement comme un édifice à nef unique, avec une abside semi-circulaire, un carré sous clocher couvert d’une coupole sur pendentif, une nef assez courte et une façade occidentale encadrée par deux puissants contreforts implantés en oblique.

Cette petite église était-elle, à l’origine, pourvue de croisillons ? L’appareil assez grossier qui ferme, au nord, le carré sous clocher et contraste nettement avec celui du mur nord de la nef, pourrait le faire penser. Du côté sud, toutefois, un mur, construit extérieurement au XIXe s., avec beaucoup de régularité, dissimule entièrement les maçonneries anciennes que d’épais enduits ne permettent pas d’examiner sur leur face intérieure. La position des colonnes, dans les angles du carré, et la forme des fenêtres, fortement ébrasées, que borde, à l’intérieur, un discret cordon, ne plaident pas véritablement en faveur de l’existence d’un transept.

Il faut cependant tenir compte du fait que l’église Saint-Laurent a été gravement endommagée à une date fort ancienne ; on a situé pendant la guerre de Cent ans cette ruine partielle, liée peut-être à un incendie qui justifierait l’état des pierres, éclatées à défaut d’être rubéfiées, particulièrement observable à l’étage inférieur du clocher, principalement du côté septentrional.

Il semble qu’à l’origine cette église ait été cependant une construction particulièrement soignée comme en témoigne l’abside, revêtue intérieurement par une série de cinq arcatures, dont trois encadrent des fenêtres. Cette abside, rehaussée ultérieurement par un bahut, est renforcée par des contreforts plats dont certains ont été entièrement refaits en raison de leur état de dégradation avancée ; celui du centre, plus large et mieux conservé, est percé, selon une disposition assez rare mais bien attestée, par une fenêtre encadrée à l’extérieur par deux colonnettes. Il est possible que la coupole, dans son état actuel, soit le résultat d’un remontage ; pour soutenir les arcs en plein cintre qui forment la base du carré sur laquelle elle repose, on a utilisé des colonnes qui semblent monolithes, ce qui serait exceptionnel dans une si petite église. Par ailleurs la puissance du mur qui sépare le carré sous clocher de la nef avec laquelle il ne communique que par un arc relativement étroit et légèrement surbaissé, est assez notable. La nef comportait trois travées ; deux arcs et l’amorce d’un troisième sont encore visibles, plaqués sur le mur nord ; sans doute cette nef n’était-elle pas voûtée (même si la présence de deux importants morceaux de colonnes monolithes dans les angles au revers de la façade occidentale, et des traces visibles au-dessus du plafond semblent indiquer qu’elle a pu l’être durant une certaine période). On peut également supposer que la porte, d’origine, quoique de dimension nécessairement modeste, était ornée de sculptures et que les deux séries de trois chapiteaux, aujourd’hui incrustées à l’extérieur du mur occidental, de part et d’autre de la porte actuelle, surmontaient ses piédroits ; on y voit à gauche un basilic, un griffon et un monstre (dévorant un être humain ?) et, à droite, des personnages (dont une femme) pris dans des rinceaux.

Après sa ruine, l’église Saint-Laurent fut réparée, très probablement à plusieurs reprises, du fait de la dégradation progressive de ses pierres. Quelques infimes fragments de peintures murales permettent de supposer que les murs latéraux du carré sous clocher étaient déjà en place à la fin du Moyen Age. Le dessin en anse de panier, de la porte actuelle, le fenestrage de la fenêtre qui la surmonte et l’implantation des deux contreforts occidentaux suggèrent une datation vers la fin du XVe s. ou au début du siècle suivant. Mais on ne peut savoir précisément à quand remonte la véritable « purge » qui a été opérée sur les chapiteaux, à l’intérieur comme à l’extérieur (dans le cas de la fenêtre d’axe) réduisant ceux-ci à de simples blocs épannelés. Un chapiteau situé derrière la chaire, et un autre, dans l’angle sud-est du carré, présentent les restes d’un décor végétal bien caractéristique de la sculpture de l’Angoumois dans la première moitié du XIIe siècle. Il en aurait été de même de ceux du premier étage du clocher malheureusement devenus, dans leur état actuel, très peu lisibles. La partie supérieure de ce clocher a été reconstruite et les fenêtres refaites en béton il y a environ un demi-siècle.

Le mobilier de l’église Saint-Laurent est assez modeste. L’autel-tombeau en bois, avec son décor de dorures et de faux marbres, pourrait être le témoin d’un ensemble plus important qui daterait plutôt de la fin du XVIIIe s. que du début du siècle suivant. La chaire à prêcher du XIXe s. est encore en place. Dans le carré sous clocher, une niche très simple, aménagée dans le mur nord, a pu servir de crédence mais sa position, très proche du niveau du sol, pourrait indiquer que l’ensemble de celui-ci a été sensiblement relevé, peut-être pour le mettre à l’abri des variations du ruisseau (le Reteuil) qui passe juste au chevet de l’église. Au revers de la façade occidentale on note, dans un angle, une cuve (baptismale ?) moulurée de forme polygonale (XVe s. ?) et un curieux bénitier en grès, à fût cannelé, placé près de la porte.

Il est certain que la restauration dont l’extérieur de cette église a récemment fait l’objet a redonné tout son charme à un édifice, par ailleurs très bien inséré dans son environnement. La Sauvegarde de l’Art français a attribué une aide de 13 000 € en 2015 pour la révision des couvertures, l’assainissement intérieur et extérieur, la restauration des maçonneries extérieures et des contreforts.

Jean-René Gaborit

 

Bibliographie :

Abbé J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, t. II, Angoulême, 1894, p. 346.

J. George, Les églises de France. Charente, Paris, 1933, p. 134.

C. Connoué, Les églises de Saintonge, livre IV, Cognac et Barbezieux, Saintes, 1959, p. 134.

P. Dubourg-Noves, Les églises de Charente (à paraître), chap. 10.

Le projet en images