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Le village a pris le nom de saint Éman, originaire d’Asie mineure qui serait venu prêcher à Illiers entre 530 et 550. Un premier sanctuaire fut établi vers la fin du XIe siècle. Le culte du saint patron, censé vaincre la sécheresse, donnait lieu à une procession annuelle le 16 ou 23 mai.

Le bâtiment se compose d’un long vaisseau à chevet plat – d’environ 26 m sur environ 6 m de large –, précédé d’un vaste porche à l’ouest et d’une chapelle au sud.

L’ensemble est bâti en blocage de maçonnerie – grison et silex –, tandis que le portail, les baies ou les rampants à crochets, vraisemblablement du tout début du XVIe s., sont en pierre calcaire facile à travailler. Les baies comportent des remplages trilobés et seule la rose de la façade présente un dessin plus élaboré. Quant à la couverture, elle est en tuiles traditionnelles ; le clocher a été repris et recouvert d’ardoises en 1857, après une première réparation en 1844. La porte d’accès à la nef, partiellement occultée dans ses parties hautes par le porche de bois, est caractéristique de la fin de l’âge gothique : elle est couverte d’un arc en anse de panier surmonté d’une accolade et flanquée de hauts pinacles. L’entrait du porche est sculpté d’un côté de grappes de raisin et, de l’autre, d’ailerons encadrant un bouquet, de facture naïve.

L’intérieur de l’église est couvert d’une charpente voûtée et lambrissée. Poinçon et entraits portent des engoulants et armoiries sculptés, omniprésents dans les églises beauceronnes reconstruites au XVIe s., après les ravages de la guerre de Cent Ans, tout comme la poutre de gloire. Le tabouret du clocher occupe une partie de la nef. Des traces de peinture ornementale subsistent sur les lambris. La chapelle sud garde de beaux éléments d’architecture : des colonnes aux chapiteaux massifs inspirés de l’ordre ionique et aux bases moulurées, une piscine d’esprit Renaissance.

Outre les habituels bancs clos, l’église conserve un mobilier d’honnête facture. Le bénitier de pierre porte la date de son installation, 1637. Les fonts baptismaux, à cuve double, sont de datation malaisée, mais pourraient être contemporains du bénitier. Le retable majeur s’organise autour d’un compartiment central à peinture, figurant la Vierge entre saint Eutrope et saint Denis. Des peintures représentant le Christ et saint Roch décorent le tabernacle. Tout ce mobilier date soit de la fin du XVIIe s., soit du XVIIIe siècle. Quant au buste de saint Éman, il s’agit d’un ouvrage local, vraisemblablement du XVIIe siècle.

La Sauvegarde de l’Art français a contribué aux travaux de consolidation de la charpente par un don de 15 000 € en 2011.

 

Brigitte Féret

Le projet en images