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L’origine de cette paroisse du plateau du Neubourg  reste obscure. Son  nom, Rouge-Périers puis Rouge-Perriers,  proviendrait de Roger, anthroponyme médiéval fréquent en Haute-Normandie. Au XIIIe s., la puissante famille d’Harcourt, dont le château est à moins de 10 km, possède des biens et sans doute la seigneurie de la paroisse appelée Rogeperer en 1216. Au début du XIVe s., Jean III d’Harcourt aumône au prieuré du Parc d’Harcourt le patronage de la cure, le don étant confirmé dans le pouillé d’Évreux aux environs de 1370.

L’église actuelle a sans doute une origine ancienne, ce que confirmeraient le vocable de Saint-Pierre et la présence de deux petites baies romanes. Elle est construite en moellons de silex, à l’exception de l’avant-corps tardif en brique. De plan rectangulaire, elle comporte trois travées, la première étant légèrement plus étroite que les suivantes, la dernière formant chœur à chevet droit. Une sacristie a été accolée au nord du chœur.

À l’extérieur, l’édifice est dominé par un clocher tardif sommé d’un lanternon. À l’ouest a été élevé un avant-corps en briques qui masque le pignon et la porte d’entrée. Sur le mur nord de la nef, en petits moellons cubiques, on peut lire la trace de quelques ouvertures anciennes. Une grande fenêtre a été ouverte au XVIIIe s. du même côté, pour éclairer le chœur. Du côté sud, trois grandes ouvertures, et une petite au niveau de l’abside, ont été percées ; la première travée était éclairée par une baie à remplages gothiques, qui est condamnée.

Le volume unique intérieur est large et bien éclairé. La voûte lambrissée en berceau repose sur des sablières moulurées. L’abside est occupée  par un  maître-autel  et un grand retable du XVIIIe siècle dont la peinture, œuvre de Descours, représente la Délivrance de saint Pierre ; deux autels latéraux le complètent du côté de la nef.

Après les transformations opérées au XVIIIe et au XIXe s., l’église Saint-Pierre a fait l’objet  en 1983 et 1984  d’importantes réparations à la suite d’un violent coup de foudre.  En 2002, a eu lieu une importante campagne de restauration de l’intérieur de l’édifice, conduite avec l’appui financier de la Sauvegarde. Elle concernait la voûte lambrissée dont certaines parties menaçaient de s’effondrer. Les enduits ont alors été également refaits. C’est au cours du démontage de la cloison-diaphragme en bois isolant le clocher de la nef  que fut mise au jour  une série de trois grands panneaux peints,  en chêne, mesurant chacun  plus d’un mètre cinquante de hauteur sur plus de deux mètres de large. Certaines  représentations ont pu être  identifiées par Ulysse  Louis comme  le Martyre de Saint-Sébastien, la Parenté  de la Vierge, Sainte Marthe, Sainte Catherine et Sainte Marguerite :  ces  panneaux  sont peut-être, toujours selon Louis, des « tableaux de dévotion » offerts par les fidèles, à titre individuel ou en confrérie. Ils peuvent être datés de la fin du  XVe ou du XVIe siècle. Cette exceptionnelle découverte a constitué le point d’orgue de travaux  pour lesquels la Sauvegarde de l’Art français a versé à la commune en 2002 une subvention de 22 867 euros.

L.D.

Bibliographie :

A. Le Prévost, Mémoires et notes pour servir à l’histoire du département de l’Eure, éd. L. Delisle et L. Passy, Évreux, 1862-1869, t. III, p. 41 : « Rouge-Périers ».

M. Charpillon et abbé A. Caresme, Dictionnaire historique de toutes les Communes du département de l’Eure…, t. II, Les Andelys, 1879, p. 720 : « Rouge-Périers». (Réimpressions : Paris, 1966, 1992.)

M. Baudot, « Les églises du canton de Beaumont-Le-Roger », Nouvelles de l’Eure, n° 25, 1965, p. 29.

Répertoire des abbayes et prieurés de l’Eure, Évreux, 1983, p. 149 : « Rouge-Perriers ».     Amis des Monuments et Sites de l’Eure [Bulletin], n° 92, 1999, p. 16-18.

U. Louis, « Une découverte à l’église de Rouge-Pérriers », Amis des Monuments et Sites de l’Eure [Bulletin], n° 105, 2002, p. 19-22.

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