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Edifiée à mi-versant sur une terrasse qui domine le village, l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, placée sous le patronage des seigneurs de Mainneville dont le château s’élève non loin de là, remonte à la période romane. En forme de croix latine et d’une longueur de trente-huit mètres, elle présente une nef à vaisseau unique qui conserve des traces de baies de la construction d’origine. Un transept et un chœur à chevet à trois pans beaucoup plus élevés ont été reconstruits au XVIe siècle en pierre calcaire sur soubassements de grès avec des contreforts saillants. Un jambage intérieur de la grande fenêtre du croisillon nord conserve la date de 1559. Au nord du chœur, la chapelle seigneuriale rectangulaire est ornée à l’extérieur d’un bel appareil de briques disposées en arêtes de poisson, traversé d’un bandeau de pierre. Elle pourrait être antérieure à la reconstruction. Au sud, une sacristie carrée complète l’ensemble qui acquiert ainsi toute sa monumentalité, encore renforcée par le clocher massif à flèche octogonale en ardoise qui surmonte le bras du transept.

Le projet initial ne fut pas achevé et la nef en blocage ne fut pas reconstruite – on en voit juste l’amorce sur le mur nord – a été remaniée à de nombreuses reprises. Elle s’ouvre par une façade occidentale du début du xivie siècle en grande partie en briques, percée d’ une porte en plein cintre datée de 1701 et, au-dessus, de deux fenêtres jumelées en arc brisé. Les fenêtres latérales rectangulaires ont été percées en 1858-1859 lors des travaux entrepris pour le déplacement du cimetière. La nef fut couverte en ardoises en 1866 comme le reste de l’ édifice. Les croisillons et le chevet sont percés de larges baies cintrées à remplage Renaissance mais dont les moulures ne sont pas toutes achevées. Sur le modèle de la collégiale d’ Écouis, l’ intérieur a été couvert à l’ origine d’ une voûte en bois à berceau brisé dans la nef et à berceau cintré dans le reste du vaisseau, dont les entraits sont ornés de rageurs et les sablières de têtes humaines. Aux quatre coins de la croisée, sont représentés les symboles des quatre Évangélistes, dominés au sommet par un médaillon sculpté à l’ effigie de Dieu le Père. En 1896, le curé Dufour fit appliquer une nouvelle voûte en plâtre qui recouvrit la presque totalité de l’ ensemble. Sa suppression est aujourd’ hui en cours mais ne fait pas l’ unanimité. À droite du chœur, la sacristie voûtée en pierre sur croisées d’ ogives est éclairée par deux fenêtres cintrées. A gauche, la chapelle seigneuriale percée de deux baies de dimensions inégales et couverte d’ un berceau arrondi s’ ouvre sur le chœur par deux arcades cintrées s’ appuyant au centre sur une colonne dorique. Sous le chœur, une petite crypte cruciforme voûtée en berceau servait de caveau funéraire. Les fenêtres du chœur sont ornées de vitraux polychromes figurant saint Pierre, saint Paul, sainte Geneviève et saint Louis, exécutés par l’ atelier Roussel à Beauvais en 1890. Le mobilier classé est très riche ; il provient en partie de la chapelle du château de Mainneville détruite au xixe siècle, notamment les statues en pierre de Notre-Dame la Royale et de saint Louis, qui serait un portrait du roi. Elles sont placées dans la chapelle seigneuriale ; chefs-d’ œuvre du xive siècle, elles furent exécutées à la demande d’ Enguerrand de Marigny, né à Lyons-la-Forêt en 1260, seigneur de Mainneville, chambellan et ministre du roi Philippe le Bel. Une autre Vierge à l’ Enfant de la même époque représente Notre-Dame de Mainneville. Dans les bras du transept, deux retables sont l’œ uvre du sculpteur gisortien Duchesne (vers 1766).

En 2012, la Sauvegarde de l’ Art français a apporté une aide de 15 000 € pour la restauration des couvertures du clocher et du bras sud du transept, et en 2017, une aide de 8 000 € pour la restauration des façades de la chapelle nord.

Serge Aubé

Le projet en images