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Vers 1060, Guillaume Fitz Osbern  – fidèle compagnon de Guillaume le Conquérant- comprit l’église Notre-Dame de Gouttières dans la charte de fondation de l’abbaye de Lyre. De son origine romane (XIIe siècle), cette église conserve quelques vestiges au chevet et au mur sud. La nef a été rebâtie dans la première moitié du  XVIe s., une vaste chapelle est alors adossée au sud de la nef et une inscription atteste que le chœur a été restauré en 1575.  l’occasion de cette campagne, l’église a été pourvue d’un ensemble de vitraux, dont l’un donne la mention des donateurs et la date de sa réalisation en 1559.

Cet édifice à vaisseau unique, est constitué d’une nef, prolongée d’un chœur plus étroit et d’une vaste chapelle faisant office de bras de transept au sud. Une flèche octogonale est située au bas de la nef. Seule cette flèche est couverte d’ardoise, une petite tuile plate étant utilisée pour l’ensemble des toitures.

Le chœur d’une seule travée est la partie la plus ancienne de l’édifice et remonte au XIIe siècle. Il est construit en maçonnerie de moellons de silex, calcaire et grison (dénomination locale d’une pierre ferrugineuse) noyés dans du mortier. Le pignon du chevet plat est découvert, la partie supérieure est construite en colombage ; il laisse apparaître une ferme de charpente à arbalétriers courbes. Sa face sud a été percée d’une baie ogivale, elle-même remaniée ultérieurement.

Une travée du mur sud de la nef , en maçonnerie de moellons enduits, conserve en partie basse du mur quelques claveaux de pierre calcaire correspondant à une ouverture obturée probablement lors du percement de la baie cintrée à encadrement calcaire au XVIe siècle.

 

La reconstruction du XVIe s. se reconnaît à l’emploi exclusif d’un appareil régulier en damier de calcaire et silex taillé et au profil des moulurations des baies.

La façade occidentale présente, en partie basse, des assises alternées de pierre de taille calcaire recoupées par des chaînes de pierre, entre lesquelles se détachent des rangs de silex taillés appareillés à joints vifs. La partie supérieure très aiguë est traitée en damier de pierre et silex alors que les rampants sont assisés en sifflet. La porte sous arc en plein cintre est désaxée vers le sud.

L’élévation sud de la nef est, dans sa partie ouest, raidie par des contreforts partiellement repris en brique. Le soubassement n’est constitué que d’un simple blocage de moellons, alors que le reste de l’élévation est en calcaire et silex en assises régulières. Un arc en plein cintre couvre les baies, une corniche en quart de rond couronne le faîte de l’élévation.

La chapelle sud est la partie la plus homogène de l’édifice, l’appareil y est parfaitement régulier, elle est percée, à l’est, d’une baie cintrée identique à celles de la nef. Le pignon sud est pourvu d’une ample baie à deux meneaux et remplage flamboyant de belle facture.

L’intérieur de l’édifice est remarquable en raison de sa voûte lambrissée réalisée en merrains de chêne avec couvre-joints. Elle porte un décor peint de lambrequins et de fleurs de lys, pour lequel aucun pochoir n’a été utilisé, sur environ la moitié de la nef. Les sablières des premières travées de la nef sont ornées d’engoulants, les sablières moulurées suivantes ont été dégagées des badigeons qui les recouvraient. Le couvrement est remarquable, notamment pour sa  frise sculptée et peinte avec motifs en applique à forme géométrique.

Au-dessus du chœur, de la chapelle sud et de la partie orientale de la nef, la voûte lambrissée est dépourvue de décors peints ou sculptés, qui ont sans doute disparu à l’occasion de restaurations anciennes. L’église conserve également une importante statuaire, un ensemble de trois autels avec retables et surtout des fragments de vitraux du XVIe s., dont l’un daté de 1559.

 

Après une consolidation de la charpente qui menaçait de rompre, la restauration générale de la voûte lambrissée du XVIe s. a été achevée en 2005. La Sauvegarde de l’Art français a participé aux travaux en accordant 6 000 € en 2004.

 

 

Élisabeth Wallez

Le projet en images