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Au cœur d’un village isolé de la vallée du Thérain, l’Église Saint-Martin d’Escames constitue un exemple très cohérent d’architecture gothique flamboyante, et mériterait pour cette raison une inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. L’église primitive aurait été incendiée en 1472. Sa reconstruction était en voie d’achèvement un siècle plus tard : la date de 1566 figure sur le portail sud de la nef et celle de 1575, gravée à deux reprises, dans la charpente. En 1568, aurait été offerte la statue de la Vierge qui se trouvait sur le meneau de la fenêtre d’axe du chevet.

Reposant sur des soubassements en damier de grès et de moellons de silex, l’élévation supérieure de l’église est presque tout entière construite en bel appareil de calcaire crayeux, seuls les contreforts étant réalisés en grès et réparés en briques. Conçue selon un plan en croix latine classique, l’église comporte une nef à vaisseau unique très large, un transept dont les bras sont en fait constitués par des chapelles à deux travées, et un chevet formant abside à trois pans.

L’ensemble est dominé aujourd’hui par un clocher charpenté, établi à la croisée du transept, mais l’importance des quatre piliers qui le soutiennent suggère que les constructeurs avaient prévu un clocher de pierre.

Beaucoup plus étroite que la nef et le chœur, cette croisée à quatre piliers n’ouvre latéralement que sur la première des deux travées des chapelles constituant le transept. Du côté de la nef, le décalage est rattrapé par deux petites arcades assurant la communication avec les chapelles. A l’est, c’est la première travée du chœur, établie sur un plan trapézoïdal, qui permet de rattraper le décalage, tout en ouvrant par de larges arcades diagonales sur la deuxième travée des chapelles latérales.

Toute l’église est intégralement couverte de voûtes d’ogives. Cependant, alors que les larges voûtes surbaissées de la nef et du chœur reposent sur des supports spécifiques dotés de chapiteaux, celles des chapelles latérales sont à pénétration directe dans les murs ou les supports. L’ensemble est éclairé par une belle série de fenêtres à réseau, mais si celles du chœur présentent un dessin délibérément flamboyant – en particulier la superbe fenêtre d’axe du chœur, dont le meneau central était orné à l’extérieur d’une statue sous dais architecturé –, celles de la nef se contentent d’un dessin plus statique, habituel dans les édifices gothiques du XVIe siècle. Cette évolution nette traduit une construction étalée sur quelques décennies.

La façade occidentale n’est constituée que d’un mur plat, flanqué à un angle par une tourelle d’escalier polygonale donnant accès aux combles. Le portail central est surmonté d’un beau décor d’arc en accolade brisé et de remplages pleins. Couvert en anse de panier et surmonté d’une fenêtre, le portail méridional bénéficie d’un décor un peu moins développé, mais ses montants sont interrompus par deux niches à statues. A l’angle sud-est du transept enfin, l’angle rentrant formé par les deux contreforts accueille une grande console sculptée, ornée d’armes et destinée à porter une statue.

L’intérieur de l’église est assez dépouillé, mais il conserve de remarquables fonts baptismaux du XIIIe s., dont le décor est dégradé.

Pour la restauration de la charpente et des fenêtres à réseau, la Sauvegarde de l’Art français a versé la somme de 15 000 € en 2013 et de 8 000 € en 2015.

Denis Hayot

 

Bibliographie :

  1. Graves, Précis statistique sur le canton de Songeons, arrondissement de Beauvais (Oise), Beauvais,‎ 1836, p. 56.
  2. Vermand, Églises de l’Oise. Picardie verte. Cantons de Formerie, Grandvilliers, Marseille-en-Beauvaisis et Songeons, Beauvais, Comité départemental du tourisme de l’Oise et Communauté de communes de la Picardie Verte, 2007, p. 22-24.

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