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Aux limites orientales du département, aux confins de la Beauce et du Hurepoix, le long de l’Ocre et de la Voise (affluent de l’Eure) s’égrènent des chapelets de villages qui ont connu à la fin du XVe s. un vaste mouvement de restructuration de leurs églises : l’église d’Écrosnes, sous le vocable de Saint-Martin, a fait partie du groupe de ces paroisses. Cet édifice, orienté  nord-est, remonte vraisemblablement au XIIIe s., au vu d’une petite fenêtre obturée sur le mur sud et de sa corniche à modillons. Elle fut agrandie fin XVe s. et consolidée au XVIIIe.

L’impression extérieure d’une église trapue, bien ramassée sur elle-même, se retrouve dans les dimensions respectives de la nef et de la chapelle, 14 m 90 et 10 m 40 par 6 mètres. Le plan de l’église est d’une grande simplicité : une nef  unique, prolongée par une abside à quatre pans, flanquée d’une vaste chapelle et d’une sacristie au sud avec, côté nord, une mince tour- clocher quadrangulaire. La chapelle, construite fin XVe, aux contreforts puissants en grès, est éclairée par trois grandes fenêtres ogivales et s’ouvre sur la nef par une double arcade, disposition assez fréquente dans cette région. L’abside, à quatre pans, est éclairée par deux ouvertures gothiques à meneaux, deux autres ayant été obturées au moment de l’installation du retable dans une campagne de décor au XIXe  siècle.

Au XVIIIe s., des travaux furent entrepris : en 1734, « les réparations nécessaires…ont été faites bien et dument, sçavoir le grand pignon de la nef a été rebâty entièrement depuis les fondements en chaux et en sable, étant cy-devant en ruine ; la tour du clocher a aussy été rebâtie au deux tiers à neuf, étant tombée d’elle-même l’année précédente…[1] »

Depuis le début du siècle dernier, le pignon est précédé d’un porche.

 

 

Á l’intérieur de l’église, la voûte en bardeau est portée par une charpente sculptée constituant

la partie la plus remarquable de l’édifice : entraits, engoulants, poinçons richement sculptés.

Au rond-point, deux anges présentent un écu armorié (XVIIe s.) sous un poinçon aux fines colonnes cantonnées, tandis que, sur une partie moins visible de la sablière, le sculpteur a malicieusement intégré des personnages libertins. Les chevrons de l’abside sont tous implantés suivant un alignement rayonnant, alors que celle-ci est en forme de pan coupé, prouesse technique permettant d’obtenir le même effet qu’avec un chevet circulaire. Cette charpente s’apparente, en de nombreux points, à celles des églises voisines de la même époque, fin XVe s., la proximité de la forêt de Rambouillet offrant le matériau nécessaire.

Consciente de la détérioration importante de la charpente de la nef, la commune a décidé de restaurer l’ensemble de l’église. La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 9 000 € en 2004 pour la réfection des maçonneries du pignon d’entrée, de la charpente, de la voûte lambrissée et de la couverture.

 

 

 

Anne-Marie Joly

[1] Arch.dép. Eure-et-Loir, GG 34

Le projet en images