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Église Saint-Loup. Le patronage appartenait à l’abbé de Tiron. D’après l’abbé Clair Canu, curé érudit de Chavigny sous le Second Empire, l’une des portes du xve s., remplacées en 1865, portait une dédicace à saint Laudulphe (dénommé aussi Laud ou Loul, évêque d’Évreux de la fin du vie s.) et à saint Jacques[1].

L’église est au centre du village, situé dans la plaine de Saint-André.

La paroisse est très ancienne. L’église et la dîme de Chavigny furent données à l’abbaye de Tiron, ressortissant du diocèse de Chartres, lors de sa fondation en 1109 par Bernard de Ponthieu. Cette donation fut confirmée par le pape Eugène III en 1147.

Après la guerre de Cent Ans, ce sont une centaine d’églises du diocèse d’Évreux qui sont partiellement ou entièrement reconstruites dans le style gothique flamboyant. Ce renouveau architectural touche aussi bien la cathédrale et les églises des villes que de modestes églises campagnardes, dont celle de Chavigny. Les travaux de reconstruction de l’église Saint-Loup ont vraisemblablement commencé dans le dernier quart du xve s. (nef et chœur) pour s’achever dans les années 1530 (portail et tour du clocher)[2].

Le plan de la nef unique est rectangulaire. Le vaisseau est prolongé par un chœur en retrait auquel est accolée la sacristie. La nef mesure 22,50 m de long et 9,60 m de large au portail et 8,70 m au chœur.

Construite en maçonnerie de silex, avec pierres de taille encadrant les fenêtres, l’église est couverte de tuiles plates panachées. Deux contreforts de briques épaulent la nef au droit du chœur. La façade a été reconstruite en pierres de taille et épaulée vers 1530 par deux contreforts. Elle est surmontée par la tour du clocher. La toiture quadrangulaire en hache du clocher, avec lucarnes, est d’ardoises ; son caractère monumental est accentué par une tourelle d’escalier. La tour est encadrée de hauts piliers carrés se terminant sans amortissement. Le portail à deux baies jumelles en cintre surbaissé présente des moulures arrondies séparées par un trumeau à niche (où devait être adossée une statue) et dont le dais a été mutilé. Il est surmonté d’une fenêtre en tiers-point à remplage Renaissance. Sur le linteau a été portée la devise de la République.

Les ouvertures sont régulières : six grandes fenêtres éclairent la nef, deux dans le mur septentrional et quatre dans le mur méridional. Il s’agit de fenêtres en tiers-point, à gorges et moulures prismatiques, à remplage flamboyant à meneau et trilobes. Des vitraux du début du xvie s. (la date de 1531 avait été relevée par l’abbé Canu sur l’une des verrières), il ne subsiste que des épaves et deux verrières polychromes, restaurées en 1869. Ces verrières, dans le mur septentrional, présentent pour l’une la Dormition de la Vierge (M.H. 1951) et pour l’autre des scènes de la vie de la Vierge (I.S.M.H. 1991). Dans les tympans des fenêtres du mur méridional sont figurés le baptême du Christ et les instruments de la Passion.

À l’intérieur, la tour repose sur deux puissants piliers, accostés de quatre demi-colonnes, et sur des arcades en tiers-point. La voûte en plein cintre sur la nef est en bois. La voûte du chœur est ornée de grandes fresques, peintes en 1787-1788, représentant les quatre évangélistes (M.H. 1975).

Adossé au mur du chevet, le maître-autel, caractéristique de la Contre-Réforme, est l’élément le plus remarquable du mobilier. L’autel, peint en faux marbre, est surmonté d’un élégant tabernacle en bois, doré à la feuille, à cinq niches encadrées de colonnes torsadées, surmontées de têtes d’angelots et abritant les statuettes de saint Jean l’évangéliste, saint Loup, un Christ en majesté, saint éloi et saint Jacques le Majeur. De part et d’autre, deux grandes niches, encadrées de colonnes torsadées à pampres de vigne et à chapiteaux corinthiens surmontés d’un fronton brisé, accueillent les statues (xixe s.) de saint Loup et saint Jacques le Majeur. Au-dessus a été intégré un retable de type anversois à dais gothique du début du xvie s. (M.H., 1907). En bois sculpté doré, il présente quatre scènes de la vie de la Vierge (la cinquième a été volée en 1944).

Le mobilier (en partie classé M.H. en 1975) comprend également un aigle-lutrin du xviie s., la chaire des xviie et xixe s., provenant de l’église de Bailleul, et un petit autel du xviiie siècle.

Le 21 août 1944, en bombardant l’aérodrome allemand de Saint-André, l’artillerie américaine touche durement Chavigny. L’église est endommagée à 50 %. Les travaux de restauration et de reconstruction ont été effectués entre 1945 et 1963 au titre des dommages de guerre : réfection de la voûte et de la toiture, restauration des vitraux, reconstruction du clocher (à une hauteur inférieure de 3 m à sa hauteur initiale). Les fonts baptismaux du xve s., avec cuve octogonale décorée d’arcatures trilobées en tiers-point, ont également beaucoup souffert.

Des travaux d’entretien ont porté sur les couvertures et sur les enduits de façade. En 2005, ont été restaurés la voûte, le maître-autel et les fonts baptismaux, tandis que de nouveaux vitraux, en 2008, ont remplacé les verres blancs.

La Sauvegarde de l’Art français a accordé, en 2010, une aide de 9 000 € pour la restauration de maçonneries intérieures et extérieures, pour la voûte de la nef, la charpente et pour la réfection complète de la couverture.

Frédéric Laux

 

[1] Arch. dép. Eure, 3 F 379, minute d’une lettre à l’abbé Caresme, s. d. [1868]. Cette dédicace était la suivante : « templum in honore sanctorum Laudulphi et Jacobi dedicatum ». La bulle papale de 1147 indique quant à elle saint Loup. Il ne serait pas, en effet, aberrant que l’église ait été placée sous le patronage du saint ébroïcien, dont le scribe de la chancellerie pontificale paraissait ignorer l’existence.

[2] L’église a été régulièrement entretenue depuis le début du xixe siècle. En 1812, les réparations des murs et charpentes ont été financées par le produit de la vente de l’église Saint-Martin de Bailleul (la commune de Bailleul-la-Campagne a d’ailleurs été réunie à celle de Chavigny en 1845). Des travaux ont été effectués en 1845 (couverture du clocher), 1865 (portes), 1869 (vitraux), 1892 (couverture et murs de l’église), 1924 (couverture du clocher), 1932 (maître-autel).

 

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