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Le village apparaît pour la première fois, sous le nom de Campiniacus, dans un manuscrit du IXes. sur la liste des paroisses du grand archidiaconé de Sens, donc dépendant de l’archevêché. La terre appartenait à l’importante famille des Barres, puis passe à la fin du XVe s. à la famille de Bernard qui construisit le château voisin.

L’église paroissiale, placée sous le vocable de saint Martin, est un édifice assez imposant, bâti sur une pente au milieu de la place. Elle comprend une nef flanquée de collatéraux et précédée d’un petit porche en appentis tardif, une croisée de transept complétée par un bras au nord et s’appuyant au sud sur la grosse tour du clocher, enfin un chevet pentagonal.

La partie la plus ancienne est aujourd’hui la façade occidentale de la nef, avec son portail en plein cintre dont les archivoltes moulurées retombent sur des chapiteaux à acanthes du XIIe siècle. Mais tout le reste du bâtiment a été reconstruit ou remanié entre la fin du XVes. et la Renaissance, en des campagnes successives.

La nef est rythmée en trois travées par les grandes arcades qui ouvrent sur les bas-côtés nord et sud. Au-dessus, le mur est aveugle et reçoit les retombées des voûtes d’ogives par l’intermédiaire de colonnes engagées à chapiteaux toscans. Piliers au plan ondulant, moulurations prismatiques pénétrant dans les supports sans l’intermédiaire de chapiteaux, clefs pendantes avec des vestiges d’armoiries, de feuillages ou de têtes sculptés, culots sculptés de monstres ou d’angelots, se retrouvent dans toute cette partie de l’église et en confirment la datation (à l’ouest, un cartouche porte la date de 1563). Il y a cependant des différences entre le collatéral sud, aux fenêtres en plein cintre et au réseau régulier répondant aux tracés de la Renaissance, et le collatéral nord qui correspond au style du gothique finissant. Là, les baies sont composées de lancettes surmontées d’un remplage flamboyant.

Dans la deuxième travée, on remarque une belle porte dont l’arc surbaissé est prolongé par un encadrement avec niches, dais et profondes moulures, sculptés de feuillages frisés, de grappes de fruits, d’animaux. Il s’agit de l’entrée qui conduisait à la chapelle seigneuriale. Sous le vocable de Sainte-Croix, celle-ci prolonge avec une légère saillie le collatéral, et forme l’actuel bras nord du transept. Sa qualité architecturale et sa décoration impressionnent : aux angles, les supports sont ornés de colonnettes qui s’enroulent en spirale autour de leur noyau ; du côté sud, les piliers qui ouvrent sur la croisée ménagent dans leur puissante mouluration plusieurs niches aux socles et aux dais finement sculptés ; la haute voûte offre un réseau complexe de liernes et de tiercerons ; enfin le mur nord est ajouré d’une grande baie de cinq lancettes surmontées d’une rose au réseau savamment découpé. On apprend qu’Étienne Bernard et sa femme Anne Legoux fondèrent en 1519 une chapelle en l’honneur de Sainte-Croix, à costé sénestre del’église. Le bras sud du transept est réduit à une petite chapelle, couverte d’une lourde voûte d’ogives, qui est en fait la base de la tour-clocher carrée, flanquée d’une tourelle d’escalier, construction en grès, simple et sobre, élevée probablement au XVe s., comme dans plusieurs églises de la région.

Enfin, le chevet pentagonal est éclairé par cinq fenêtres en lancettes à ébrasement intérieur et couvert d’une voûte d’ogives à six nervures rayonnantes.

Parmi l’intéressant mobilier, citons le retable du Triomphe de la Sainte Croix du début du XVIes. et les fonts baptismaux du XVIIesiècle.

Après des travaux de stabilité de la tour-clocher et des contreforts, cette deuxième tranche a permis de restaurer la couverture et la charpente, ainsi que les façades du chœur, du transept et de la sacristie.

La Sauvegarde de l’Art Français a soutenu ces travaux par un don de 19 000 € en 2007.

 

Lydwine Saulnier-Pernuit

 

Bibliographie :

 

  1. Quantin, Répertoire archéologique du département de l’Yonne, Paris, 1868, col. 186-187.
  2. Pignard-Péguet, Histoire de l’Yonne, Paris, 1913, p. 804.

Chanoine P. Mégnien, Un village du Sénonais : Champigny-sur-Yonne, hier et aujourd’hui, Auxerre, 1970.

                                                                                               

 

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