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Église paroissiale Notre-Dame-de-la-Purification Cette église fut, au moins depuis le XIIIe s. et jusqu’à la Révolution, un prieuré de l’abbaye (devenue chapitre en 1561) Saint-Géraud d’Aurillac, sous l’égide de laquelle y sont menés des travaux au XVIe siècle.

Le clocher est tout ce qu’il reste de l’ancienne église paroissiale, reconstruite en 1906-1907. Le 1er octobre 1905, le conseil municipal, « considérant que l’état de vétusté et de délabrement de l’église devient un danger pour la sécurité publique, attendu que la toiture de cet édifice menace de s’effondrer et que les murs et les parties de la voûte encor existantes se lézardent et laissent tomber des débris de toutes sortes (plâtras, pierres) », décide, en accord avec le conseil de fabrique, de la démolir et de la reconstruire. L’édifice est légèrement décalé vers le sud-ouest, sur l’emplacement de l’ancien cimetière, ce qui permet d’agrandir la place publique ; c’est l’architecte aurillacois Casimir Croizet qui en dresse les plans. Une souscription (en argent et en nature) est ouverte ; l’opération n’est pas remise en cause par la loi de séparation des Églises et de l’État ; vaguement néo-romane, l’église est bâtie en granit et couverte de tuiles d’Allassac ou de Travassac (Corrèze, canton de Donzenac). Les travaux sont réceptionnés le 14 janvier 1908. De l’ancien édifice, seul le chœur, surmonté du clocher, « qui paraît encore solide » (mémoire de l’architecte, 30 octobre 1905), est conservé, mais il devient une chapelle contiguë au nouvel édifice, bientôt dévolue au catéchisme. Son arcade occidentale en plein cintre est alors bouchée, pour fermer l’édifice côté place publique, tandis qu’un passage est ménagé vers le sud pour communiquer avec l’église nouvelle.

Si les bases du clocher sont romanes, ses parties hautes sont largement postérieures ; les murs extérieurs, recrépis en mortier de chaux et sable en 1839, sont, depuis les années 1990, en pierre apparente, tout comme l’église neuve. L’ancien chœur forme désormais une chapelle de deux travées.

La structure des murs, le tracé des baies et les arcatures dateraient l’élévation primitive du XIIIe s., tandis que les nervures gothiques de la voûte seraient des XIVe-XVe siècles.

À l’intérieur, le maître-autel est demeuré en place ; le tabernacle en bois doré était surmonté d’une Vierge à l’Enfant couronnée et portant un sceptre fleurdelisé : c’est Notre-Dame-de-la-Purification, sous le vocable de laquelle se trouve l’église et qui couronnait logiquement l’ancien maître-autel. On a pu y voir des similitudes avec des représentations de Marie de Médicis. Cette statue, restaurée en 2005, est désormais dans la chapelle de la croisée sud du transept.

Quant au vocable de la chapelle, dédiée à la Sainte-Croix, il fait référence à la précieuse croix processionnelle (M.H. 30 juin 1908) abritée et mise en valeur dans une vitrine forte depuis 2003. Cette croix en argent estampé doré sur âme de bois, décorée de cabochons de quartz et de verre, aurait été trouvée vers 1830 ; elle est l’œuvre, datée des environs de 1500, d’un atelier aurillacois. À l’avers, les extrémités de la traverse de la croix supportent la Vierge et saint Jean, tandis que le montant est orné, au sommet, du Pélican et, sous les pieds du Christ en croix, d’une Vierge de Pitié. Au revers, Dieu le Père, à la croisée, est environné du tétramorphe. Quatre clochettes, ainsi que le style de l’ensemble, apparentent cette croix à des travaux issus d’ateliers rouergats.

Une niche contient un reliquaire rassemblant les souvenirs des « Enfarinés de Cassaniouze ». Ce schisme anti-concordataire, qui dura jusqu’en 1911 dans la famille Malbert, au hameau de la Bécarie, a d’ailleurs été commémoré en 2011. Lorsque la descendante de cette famille a vendu la maison, elle a donné à la commune des reliques (authentifiées par l’un des prêtres qui desservait les « insoumis »), un rosaire et des livres.

Outre ces objets, la chapelle du clocher présente un ensemble de peintures murales exceptionnel, qui a fait l’objet d’une campagne de restauration et de mise en valeur en 2002-2003. Six couches de peinture ont pu être distinguées : décor géométrique et à motif de rideau polychrome, du XIIIe s. (partie basse du mur oriental) ; couche d’enduit fin de type intonacco, autour de 1500, portant un décor géométrique et une fausse architecture en trompe-l’œil ; somptueux décor du début du XVIIe s., badigeon épais à la chaux (partie haute du mur oriental et voûte) ; reprise ponctuelle, au XVIIIe s., du décor précédent ; badigeonnage de l’ensemble en faux appareil (fin XIXe siècle) ; nouveau badigeon partiel en 1906-1907 à l’occasion des travaux de reconstruction. L’heureuse décrépitude des deux dernières couches a permis de faire éclater la beauté des précédentes. Le décor baroque des voûtes et des parties supérieures des murs, est, en particulier, admirablement mis en valeur par le travail de restauration de Wladimir Halalau.

Le clocher contient deux cloches, restaurées dans un atelier de fonderie bavarois en 2002 : l’une est de 1875 ; l’autre, en bronze, est de 1575 (M.H. 1982).

Pour assurer à ces merveilles le clos et le couvert, il était nécessaire de refaire la volige et la toiture du clocher. Les lauzes ont été posées aux clous de cuivre ; la Sauvegarde de l’Art français a aidé ces travaux à hauteur de 8 000 € en 2010.

Édouard Bouyé

 

Le projet en images