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Aujourd’hui isolés près du bord du plateau dominant la reculée de Conliège aux portes de Lons-le-Saunier, et propriété indivise des communes de Briod, Perrigny et Conliège, la chapelle Saint-Étienne de Coldre et son cimetière clos de murs, dont l’ accès ancien est protégé par des dalles levées sur champ devant un portique rudimentaire de pierre, sont les humbles témoins subsistants de l’implantation primitive des structures paroissiales dans ce secteur du Jura. Après avoir abrité un retranchement fortifié dans l’Antiquité, le site fut pendant longtemps le siège de la paroisse-mère de plus d’une demi-douzaine de villages du plateau et de la reculée.

Un diplôme de l’archevêque de Besançon en faveur de l’abbé de Baume, conférant en 1133 à son abbaye la possession de l’église de Coldre avec ses chapelles, atteste une organisation paroissiale déjà établie, que confirment les privilèges pontificaux accordés à l’abbaye de 1184 et 1190. On ignore à quel moment se mit en place cette organisation ; au mieux préjugera-t-on de son ancienneté par le vocable de la paroisse, apparenté à celui de la cathédrale métropolitaine de Besançon. Rien ne permet non plus d’accréditer que demeure un vestige de l’église citée en 1133 dans l’édifice actuel qui a subi les outrages du temps, le retrait de toutes les communautés d’habitants au fur et à mesure du démembrement de la grande paroisse initiale, ou encore l’incendie de 1637, lors de la guerre de Dix Ans : des soldats français firent alors périr dans ses murs des paroissiens qui s’y étaient réfugiés, portant un coup fatal au bourg établi près de l’église. Néanmoins, le souvenir que Coldre fût à l’origine de leurs paroisses modernes put contribuer à surmonter les réticences des habitants à entretenir ce qui était devenu une simple chapelle et même à rassembler l’argent et l’énergie nécessaires pour relever l’édifice et l’entretenir, après 1637 comme à la fin du premier tiers du XIXe siècle, quand la chapelle rouvrit au culte et que le Tiers-Ordre franciscain restauré à Lons-le-Saunier en fit le centre de ses rassemblements.

Le plan du sanctuaire est simple : une courte nef sans collatéraux, éclairée d’une baie en plein cintre à chaque façade et couverte d’une voûte en berceau légèrement brisée dont l’enduit doit couvrir une maçonnerie de petits moellons, ouvre, par un arc triomphal assez étroit, sur un chœur sans transept. Un peu moins large et haut que la nef mais plus long, ce dernier est voûté en berceau sur une première travée et d’une croisée d’ogives retombant sur de simples culots à la seconde travée ; il est fermé par un chevet plat ajouré d’une baie centrale constituée de verrières géminées que surmonte un quadrilobe ; le sol de la seconde travée du chœur est surélevé de deux marches pour accéder à l’autel. L’aspect extérieur de l’édifice reflète cet ordonnancement général, hormis que le toit du chœur, surmonté d’une croix de pierre, est plus élevé que celui de la nef ; chaque mur des façades du chœur est soutenu par un contrefort moderne, tandis que deux autres contreforts étayent les angles du chevet ; la jointure de la nef et du chœur est soulignée au sud par un contrefort plaqué contre l’extrémité du mur de la nef, et au nord par un rattrapage de maçonnerie entre les murs des deux parties, d’appareil semblable aux murs de celle-ci.

La façade d’entrée, massive, est percée d’une porte en plein cintre surmontée d’un ressaut courant tout le long de la façade et de deux corbeaux rapprochés laissant supposer l’existence antérieure d’un abri en bois protégeant l’entrée. L’ensemble des murs est en moyen et petit appareil calcaire. La nef et le chœur sont couverts d’un toit à deux pans en lave de pierre calcaire. L’intérieur de la chapelle est nu ; le mobilier se réduit à une statue de la Vierge, un autel et son tabernacle en bois peint en faux marbre, deux candélabres ; des pierres tombales, dont certaines du XVIe siècle, dallent une partie du sol de la nef et du devant d’autel. L’édifice ne comprend pas d’élément daté hormis les tombes ; la structure et les matériaux mis en œuvre ne permettent guère d’affiner les datations de l’existant, et les documents manquent avant le XIXe siècle pour identifier les travaux réalisés au fil du temps. Un plan général ancien, voire primitif, subsista sans doute ; le dessin du remplage du chevet nous amène aux XVe-XVIe siècles ; il est probable que la nef actuelle donne l’état de la réfection de la seconde moitié du XVIIe siècle, au cours de laquelle elle semble avoir été écourtée et le chœur rétréci. Le souvenir de la place spécifique de Coldre dans l’histoire paroissiale et commune de la reculée de Conliège est encore aujourd’hui un levier pour décider des travaux à conduire, auquel s’ajoutent l’attrait touristique du site et la proximité de l’ ermitage de Conliège à mi-pente de la reculée. Les dégradations des murs et de la toiture de l’édifice, entouré d’arbres sous un climat assez pluvieux, se faisaient patentes ces dernières décennies, entretenant une humidité intérieure excessive.

Les travaux réalisés en 2014 ont consisté à refaire complètement la charpente de la nef en chêne et à poser des laves de pierre calcaire provenant de l’Yonne sur la charpente de la nef ainsi que sur la voûte du chœur dont l’extrados a été consolidé et les combles nettoyés, avec reprise des maçonneries des murs jointifs au toit. Tous les murs ont été ravalés et consolidés.
Cette réfection indispensable, menée avec soin sous la conduite de l’architecte Simon Buri par des entreprises bourguignonnes et jurassiennes, sous maîtrise d’ouvrage de la commune de Perrigny, rend à la chapelle la même apparence humble mais solide que celle des édifices comparables de Briod ou Mirebel, par exemple, et préludera, on l’espère, à la restauration de l’intérieur de l’édifice.
La Sauvegarde de l’ Art français a contribué à hauteur de 12 000 € aux travaux en 2014.

Patricia Guyard

Le projet en images