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Chapelle des Minières. Dans les années 1230 existe à Beaubray un fief des Minières tenu par Jehan Postel,  fief sans doute inféodé par le châtelain de Conches, Robert de Courtenay. En 1526 ou 1527, l’un des descendants de Jehan Postel, Thomas Postel, sire des Minières fait ériger cette chapelle familiale comme en témoigne la pierre de dédicace armoriée, encore présente à l’intérieur de l’édifice : Ceste chappelle fondé en l’onneur (…) de la Passion Nostre Seigneur fut consacree par monseigneur l’evesque de Valence  (lecture douteuse) par l’auctorité de monseigneur l’evesque d’Evreux, a la requeste de monseigneur maitre Thomas Postel, seigneur des Minières, le cinquieme jour d’avril l’an mil Vc XXVI (…). Le texte ajoute que des jours de pardon seront octroyés  a ceulx qui le jour du Vendredi Saint visiteront ladite chapelle et y donneront leurs devocions… Plusieurs dalles tumulaires des environs de 1680 prouvent que les sires des Minières furent jusqu’à la fin du XVIIe s. inhumés dans la chapelle.

L’édifice lui-même, de plan carré,  a été réalisé  en brique et pierre calcaire sur un fort solin de grès. Il ne comporte pas de clocher  et il est simplement couvert d’une toiture en tuile à deux pans.   Le chevet plat est percé d’une large baie ogivale à trois lancettes dont le vitrail du début du XVIe s., orné des donateurs, hommes et femmes agenouillés, a été déposé pour restauration.  Le remontage du  pignon occidental  en briques industrielles avec  réemploi des pierres de taille et grès de l’ancien solin témoigne d’une construction d’origine  plus longue de quelques mètres.  La nef présente sur chacun des murs nord et sud une baie en arc brisé. La porte, en arc surbaissé, aux moulures en fort relief, se situe au nord ; elle a conservé sa menuiserie en plis de serviette. Sur le claveau  est lisible un distique à la Vierge :

Si l’amour de Marie est en vos cœurs gravé

Dites- lui, passants, dévotement Avé.

Le volume intérieur de la chapelle, aux murs enduits au plâtre et  au sol de terre cuite et de terre battue, frappe par sa simplicité. De la charpente,  une seule ferme à entrait prismatique est encore  visible en partie médiane, la ferme ouest ne subsistant que sous forme d’un entrait coupé. La  voûte, en berceau brisé, qui  repose sur deux sablières moulurées, était enduite et peinte à l’origine.

Le riche mobilier sculpté a été en partie placé dans le dépôt départemental. Le mur du chevet reste éclairé par une belle verrière du XVIe s., représentant la Crucifixion.

Aujourd’hui désaffectée, la chapelle, toujours propriété de la famille Postel des Minières, est dans un état inquiétant. Cependant la restauration de ce rare exemple de fondation seigneuriale a commencé avec la reprise des maçonneries et  des couvertures ainsi que la réfection de la porte d’entrée.  La Sauvegarde de l’Art français a accordé une somme de 3 049 € en 2002.

L. D.

Bibliographie :

D.R.A.C Haute-Normandie, Conservation régionale des monuments historiques : L. Dumarche, dossier de recensement, 1997.

M. Charpillon et abbé A. Caresme, Dictionnaire historique de toutes les communes de l’Eure, t. I, Les Andelys, 1868, p. 217-219 : « Beaubray ». (Réimpressions : Paris, 1966, 1992.)

C. Verschoote, « La chapelle des Minières, canton de Conches », Bulletin des Amis des monuments et sites de l’Eure, n° 68, 1993, p. 33-35.

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